Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.
322
les mille nuits et une nuit

Tout cela ! et Ghanem demeurait immobile sur ses deux pieds. Alors il s’avança et dit : « Ô souveraine de beauté, toi dont le nom doit être plus doux que le jus de la datte et dont la taille est plus pliante que le rameau du palmier, je suis Ghanem ben-Ayoub ; et ici il n’y a, en vérité, ni palais avec des rideaux ni tombeaux avec des morts, mais il y a ton esclave envoyé spécialement par le Maître Omniscient et Omniprésent pour te mettre à l’abri de tout désagrément, te garder de toute affliction et te faire parvenir à tes fins ! Et alors peut-être m’accorderas-tu aussi tes bonnes grâces, ô désirable ! » Puis il se tut.

Lorsque l’adolescente se fut bien assurée de la réalité de ce qu’elle voyait, elle dit : « Je témoigne qu’il n’y a d’autre Dieu qu’Allah ! Et je témoigne que Mohammad est l’Envoyé d’Allah ! » Puis elle se tourna vers Ghanem, le regarda de ses yeux brillants, se posa la main sur le cœur et dit de sa voix délicieuse : « Ô jeune homme béni, voici que je me réveille dans l’inconnu ! Peux-tu me dire qui m’a portée ici ? » Il répondit : « Ô ma maîtresse, ce sont trois nègres eunuques qui t’ont portée ici dans une caisse. » Puis Ghanem raconta à l’adolescente toute l’histoire, et comment il avait été surpris par la nuit hors de la ville, comment il était devenu la cause de sa délivrance à elle hors de la caisse, et comment, sans lui, elle serait morte étouffée sous terre. Puis il la pria de lui raconter son histoire et le motif de cette aventure. Mais elle lui répondit : « Ô jeune homme, qu’Allah soit glorifié qui m’a jetée entre les mains d’un homme comme toi ! Je te prie donc, pour le moment, de te lever et de me remettre dans la caisse ;