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histoire de ghanem et de fetnah
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prement et d’une façon qui m’allait bien ; et je restai ainsi chez lui le reste de l’année, sans aucun incident. Mais vint la nouvelle année, et elle s’annonça comme une année bénie, pleine de promesses pour la récolte, la fertilité et les fruits. Aussi les marchands ne manquèrent pas de se donner mutuellement des festins dans les jardins ; et chacun à son tour se mit à faire les frais de l’invitation jusqu’à ce que vînt le tour de mon maître. Alors mon maître invita les marchands à un jardin situé en dehors de la ville, et y fit porter tout ce dont on pouvait avoir besoin en fait de nourriture et de boisson ; et tout le monde s’assit à boire et à manger depuis le matin jusqu’à midi. À ce moment, mon maître eut besoin d’une chose qu’il avait oubliée à la maison et me dit : « Ô esclave, monte sur ma mule et va vite à la maison demander à ta maîtresse telle chose, et fais diligence pour revenir ! » Et moi j’obéis à cet ordre et je me dirigeai en toute hâte vers la maison.

Lorsque je fus près de la maison, je me mis à jeter de grands cris et à répandre de grosses gouttes de larmes ; et aussitôt je fus entouré par un grand rassemblement de tous les habitants de la rue et du quartier, grands et petits. Et les femmes mirent la tête aux portes et aux fenêtres, et la femme de mon maître entendit mes cris et vint m’ouvrir, suivie de ses filles ; et toutes me demandèrent la cause qui m’amenait ainsi. Je répondis en pleurant : « Mon maître, qui était au jardin avec les invités, s’était absenté un moment pour aller, contre un mur, satisfaire un besoin. Et soudain le mur s’écroula et mon maître disparut sous les décombres. Alors,