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histoire de ghanem et de fetnah
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elle partout où elle allait, qu’elle se rendît au souk ou en visite ou à la maison paternelle. Et la mère fit les choses si discrètement que nul ne sut rien de l’histoire, pas plus le nouveau marié que les parents et amis. Et, pour faire croire aux invités à la virginité de la fillette, la mère égorgea un pigeon et teignit de son sang la chemise de la nouvelle mariée et, selon l’usage, elle fit circuler la chemise vers la fin de la nuit, dans la salle de réunion, devant toutes les femmes invitées, qui pleurèrent d’émotion.

Et, depuis ce temps, j’habitai, avec ma jeune maîtresse, dans la maison du barbier, son époux. Et je pus, de la sorte, impunément, me délecter tout à mon aise et dans la mesure de mes forces à sa beauté et aux perfections de son corps délicieux. Car mes œufs étaient partis, il est vrai, mais mon zebb me restait. Je pouvais donc, sans risque et insoupçonné, continuer à baiser et à embrasser ma petite maîtresse, jusqu’à ce qu’elle fût morte, elle et son mari, et sa mère et son père. Alors je devins, de droit, la propriété du Trésor, et je devins l’un des eunuques du Palais. Et cela fit que je devins votre compagnon, ô mes frères nègres !

Et tel est la cause de ma castration et de mon eunuquat. Et maintenant que la paix soit sur vous ! »

— Sur ces paroles le nègre Saouâb se tut, et le second nègre Kâfour prit la parole et dit :