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vin, je m’étais ensuite lavé les mains et m’étais parfumé aux essences aromatiques) je vins au quartier de la kaïssariat Guerguess et m’assis dans la boutique d’un marchand d’étoffes, appelé Badreddine Al-Bostani. Lorsqu’il me vit, il me reçut avec beaucoup de cordialité et d’égards, et nous nous mîmes à causer une heure de temps.

« Or, pendant que nous étions ainsi à causer, nous vîmes arriver une femme couverte d’un grand voile de soie bleue ; et elle entra dans la boutique pour acheter des étoffes et s’assit sur un escabeau à côté de moi. Et le bandeau qui lui serrait la tête et lui couvrait légèrement le visage était disposé un peu de côté, et laissait échapper des parfums délicieux et les arômes les plus délicats. Aussi elle me ravit la raison par sa beauté et ses charmes, surtout lorsqu’elle eut écarté son voile et que j’eus aperçu le noir de ses prunelles ! Elle s’assit donc et salua Badreddine, qui lui rendit son souhait de paix et se tint debout devant elle et se mit à lui parler en lui montrant diverses sortes d’étoffes. Et moi, en entendant cette voix douce et pleine de charmes, je sentis encore davantage l’amour se consolider en mon cœur.

« Lorsqu’elle eut examiné quelques étoffes, et comme elle ne les trouvait pas assez belles, elle dit à Badreddine : « N’as-tu point par hasard une pièce de soie blanche tissée avec des fils d’or pur ? J’en aurais besoin pour me faire une robe. » Et Badreddine alla au fond de sa boutique, ouvrit une petite armoire et, de dessous plusieurs pièces d’étoffes, il retira une pièce de soie blanche tissée