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drachme te rapportera deux drachmes et même davantage. De plus, pendant ce temps, tu auras tout le loisir de bien visiter le Caire et d’admirer le Nil, qui le traverse.

« Lorsque j’entendis ces paroles, je dis : « C’est vraiment là une idée excellente ! » Et aussitôt j’emmenai les courtiers et les crieurs avec moi jusqu’au khân Serour et je leur donnai toutes mes marchandises qu’ils portèrent à la kaïssariat. Et je vendis le tout en détail, aux marchands, après qu’on eût, de part et d’autre, écrit les clauses devant témoins et par l’intermédiaire d’un changeur de la kaïssariat.

« Cela fait, je revins à mon khân et j’y séjournai tranquillement, et je ne me privai d’aucun plaisir et ne ménageai aucune dépense. Tous les jours, je déjeunais somptueusement, avec la coupe de vin sur la nappe. Et j’avais toujours de bonne viande de mouton et toutes sortes de douceurs et de confitures. Et je continuai de la sorte jusqu’à ce que le mois fût échu, où je devais prélever mon revenu régulier. Et, en effet, à partir de la première semaine de ce mois-là, je me mis à toucher régulièrement mon argent ; chaque jeudi et chaque lundi, j’allais m’asseoir dans la boutique de chacun des marchands, mes débiteurs ; et le changeur et l’écrivain public arrivaient, faisaient un tour chez chaque marchand, touchaient l’argent et me l’apportaient.

« Je pris donc l’habitude d’aller ainsi m’asseoir tantôt dans une boutique, tantôt dans une autre, quand un jour (j’étais sorti du hammam où j’étais allé prendre mon bain, je m’étais ensuite un peu reposé, j’avais déjeuné d’un poulet et bu quelques coupes de