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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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et toute pleine de punaises de la variété à queue et de puces assez nombreuses pour couvrir la surface de la terre, son turban, qu’il n’avait pas déroulé depuis trois ans, et dont l’étoffe était faite de plusieurs morceaux de chiffons ramassés au hasard, et qui contenait des poux grands et des poux petits, de blancs et de noirs et d’autres aussi. Puis il déposa sa robe et son turban et se tint ainsi tout nu devant le khalifat. Alors le khalifat commença, lui aussi, à se déshabiller. Il enleva d’abord sa première robe en soie iskandarani et sa seconde robe en soie baâlbaki, puis son mantelet de velours et son gilet, et dit au pêcheur : « Karim, prend ces vêtements et mets-les toi-même ! » Puis le khalifat prit lui-même la robe aux larges manches du pêcheur et son turban et s’en vêtit ; puis il s’enroula autour du menton le cache-nez de Karim et lui dit : « Tu peux maintenant t’en aller à tes affaires. » Et l’homme se mit à remercier le khalifat et lui récita ces deux strophes :

« Tu m’as rendu le maître d’une richesse sans bornes, comme sans bornes sera mon remercîment ; et tu me comblas de tous les dons, sans compter.

Je te glorifierai donc tant que je serai au nombre des vivants ; et, à ma mort, mes os dans le sépulcre te remercieront encore. »

Mais à peine le pêcheur Karim avait-il fini de réciter ces vers que le khalifat sentit toute sa peau envahie par les punaises et les poux qui avaient élu domicile dans les loques du bonhomme, et tout cela se mit à circuler activement tout le long de son