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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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elle de choses extraordinaires, étonnantes et pleines d’agrément. Ils furent un long temps à en admirer la beauté sans pareille ; puis, pour se reposer les yeux de toute cette splendeur, ils allèrent s’accouder à une fenêtre donnant sur le jardin. Et Ali-Nour, devant tout ce jardin et ces marbres éclairés par la lune, se mit à penser à ses peines passées, et il dit à Douce-Amie : « Ô Douce-Amie, en vérité, ce lieu est pour moi plein de charmes. Il me rappelle tant de choses ! Et il fait descendre la paix en mon âme, et éteint le feu qui me consume et la tristesse, ma compagne ! »

Sur ces entrefaites le cheikh Ibrahim leur apporta des provisions qu’il était allé chercher, et ils mangèrent leur plein ; puis ils se lavèrent les mains, et de nouveau allèrent s’accouder à la fenêtre et regarder les arbres chargés de leurs beaux fruits. Au bout d’un certain temps, Ali-Nour se tourna vers cheikh Ibrahim et lui dit : « Ô cheikh Ibrahim n’aurais-tu donc rien à nous donner comme boisson ? Car il me semble bien que d’ordinaire on doit boire après avoir mangé ! » Alors le cheikh Ibrahim leur apporta une porcelaine remplie d’une eau douce et fraîche. Mais Ali-Nour lui dit : « Que nous apportes-tu donc là ? Ce n’est pas du tout cela que je désire ! » Il lui répondit : C’est donc du vin que tu désires ? » Ali-Nour dit : « Mais oui, certes ! » Cheikh Ibrahim reprit : « Qu’Allah m’en garde et m’en protège ! Il y a treize ans que je m’abstiens de cette boisson néfaste, car le Prophète (que sur lui soient la prière et la paix d’Allah !) a maudit celui qui boit n’importe quelle boisson fermentée, celui qui l’exprime