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prêt ; mais j’eus beau l’attendre jusqu’à la nuit, puis les autres jours, il ne revint qu’au bout d’un mois, pendant que, moi, je me disais : « Comme ce jeune homme est plein de confiance ! De ma vie, depuis le temps que je suis courtier dans les khans et les souks, je n’ai vu confiance pareille ! » Il vint donc à moi, et il était toujours sur son âne et vêtu d’habits somptueux, et il était aussi beau que la lune dans son plein, et avait le visage brillant et frais comme au sortir du hammam, et les joues roses et le front comme une fleur éclatante et, sur un coin de ses lèvres, un grain noir de beauté comme une goutte d’ambre noir, d’après le dire du poète :

La lune dans son plein, au haut de la tour, se rencontra avec le soleil ; et tous deux étaient dans leur éclat et leur beauté.

Tels étaient les deux amants. Et ceux qui les regardaient ne pouvaient que les admirer et les aimer, et leur souhaiter le bonheur.

Et maintenant ils sont si beaux et si merveilleux que par eux on se sent l’âme toute captive.

Aussi gloire à Allah qui accomplit de tels prodiges. Il façonne ses créatures au gré de son désir.

Lorsque je le vis, je lui baisai les mains et j’appelai sur lui toutes les bénédictions d’Allah et je lui dis : « Ô mon maître, j’espère que cette fois tu vas toucher ton argent ! » Il me répondit : « Patiente encore un peu, que je finisse de terminer mes affaires, et alors je viendrai te reprendre l’argent. » Puis il tourna le dos et s’éloigna. Et moi je pensai