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voué une grande inimitié au bon vizir Fadleddine et ne manquait aucune occasion de lui porter préjudice dans l’esprit du roi.

Or, un jour d’entre les jours, le roi de Bassra, Mohammad Ibn-Soleiman El-Zeini, était assis sur le trône de son royaume dans la salle de sa justice, et il était entouré de tous les émirs et des principaux notables et des grands de sa cour. Et le jour même on avait appris l’arrivée à Bassra, sur le marché des esclaves, d’une nouvelle fournée de jeunes esclaves de tous les pays. Aussi le roi se tourna vers son vizir Fadleddine et lui dit : « Je veux que tu me trouves une jeune esclave qui n’ait point sa pareille dans le monde, qui soit à la fois parfaite en beauté, supérieure en perfections et admirable de douceur de caractère ! »

À ces paroles du roi adressées au vizir Fadleddine, le vizir Sâoui, plein de jalousie de voir le roi mettre plutôt sa confiance en son rival, et voulant rebuter le roi, s’écria : « Mais, en admettant que l’on puisse trouver une femme pareille, il faudrait y mettre comme prix au moins dix mille dinars d’or ! » Alors le roi, plutôt excité par cette difficulté, appela sur le champ son trésorier et lui dit : « Prends tout de suite dix mille dinars d’or et va les porter chez mon vizir Fadleddine ben-Khacân ! » Et le trésorier se hâta d’exécuter l’ordre. En même temps, le vizir Fadleddine sortit du palais pour satisfaire au désir du roi.

Le vizir Fadleddine se rendit aussitôt au souk des esclaves, mais ne trouva rien qui approchât de près ou de loin des conditions requises pour l’achat. Alors