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les mille nuits et une nuit

d’un caractère fort agréable, de mœurs admirables et de qualités qui le faisaient aimer de tous les cœurs et estimer des hommes de sagesse et de science qui venaient le consulter et lui demander son avis dans les questions difficiles ; et tous les habitants du royaume, sans exception, faisaient des vœux pour sa longue vie et sa prospérité, tant il faisait le bien et évitait de commettre le mal et l’injustice. Quant au deuxième vizir, le nommé Ben-Sâoui, c’était bien autre chose : il détestait ses semblables et avait horreur du bien et cultivait le mal, et tellement qu’un poète qui le connut nous dit de lui :

Je le vis ! et aussitôt je me ramassai pour fuir la souillure de son approche et je relevai les pans de ma robe pour éviter le contact de sa turpitude. Et je demandai le salut à mon coursier, loin de cet élément impur.

Aussi à chacun de ces deux vizirs si différents on peut appliquer un vers différent d’un autre poète :

Savoure avec délices la société de l’homme noble, à l’âme noble, fils de noble ; car tu trouveras toujours que l’homme noble est né noble, d’un père noble !

Mais fuis au loin le contact de l’homme vil, à l’âme vile, d’extraction vile ; car tu trouveras que l’homme vil est né de père vil !

D’ailleurs, les gens avaient autant de haine et de répulsion pour le vizir El-Mohin ben-Sâoui qu’ils avaient d’amour et d’attachement pour le vizir Fadleddine ben-Khacân. Aussi le vizir Sâoui avait