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histoire du bossu… (le barbier)
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ce juif, ce musulman et ce bossu couché par terre, mort. Et pourquoi cette réunion étrange ? » Et le roi de la Chine rit beaucoup et dit : « Mais pourquoi m’interroges-tu au sujet de ceux-là qui sont pour toi des inconnus ? » Le barbier dit : « J’interroge pour simplement démontrer à mon roi que je suis loin d’être un parleur indiscret, que je ne m’occupe jamais de ce qui ne me concerne point, et que je suis complètement innocent des calomnies racontées sur mon compte, à savoir que je suis un bavard extraordinaire et le reste. Et sache aussi que je suis digne de porter ce surnom de Silencieux que je porte. Comme dit le poète :

« Lorsque tes yeux voient un homme avec un surnom, sache que, si tu cherches bien, pour toi surgira toujours le sens de ce surnom. »

Alors le roi dit : « Ce barbier me plaît infiniment. Je veux donc lui raconter l’histoire du bossu, puis celle racontée par le chrétien, celle du juif, celle de l’intendant, et celle du tailleur ! » Et le roi raconta au barbier toutes ces histoires, sans omettre un détail. Et il n’y a point d’utilité ici à les répéter.

Lorsque le barbier eut entendu ces histoires et la cause de la mort du bossu, il se mit à hocher gravement la tête et dit : « Par Allah ! voilà une chose étonnante et qui me surprend extrêmement. Vous autres ! levez le voile qui recouvre le corps de ce bossu mort, que je le voie ! » Et le barbier, une fois le corps du bossu à découvert, s’approcha, s’assit par terre, prit la tête du bossu