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qui apportent un malade. Il faut donc descendre le voir pour lui prescrire un médicament ! » Puis je donnai à cette négresse un quart de dinar pour son maître. Alors elle se hâta de monter, et moi, je mis le bossu debout contre le mur de l’escalier ; et moi et ma femme, nous nous en allâmes au plus vite. Pendant ce temps, le médecin juif était descendu pour voir le malade ; mais il heurta le corps du bossu qui tomba ; et le juif pensa qu’il l’avait lui-même tué ! »

À ce moment, le tailleur se tourna du côté du médecin juif et lui dit : « N’est-ce point vrai ? » Il répondit : « Oui, en vérité ! » Alors le tailleur se tourna vers le wali et lui dit : « Il faut donc relâcher ce juif et me pendre, moi ! »

Le wali, à ces paroles, s’étonna prodigieusement et dit : « Vraiment cette histoire du bossu mérite d’être mise dans les annales et les livres ! » Puis il ordonna au porte-glaive de relâcher le juif et de pendre le tailleur, qui s’avouait coupable. Alors le porte-glaive amena le tailleur sous la potence, lui mit la corde au cou et dit : « Cette fois-ci, c’est la dernière. Je n’échangerai plus personne ! » Et il saisit la corde.

Voilà pour ceux-là !

Quant au bossu, on dit qu’il était le bouffon du sultan, et que le sultan ne pouvait s’en séparer une heure. Or, le bossu, après s’être enivré, cette nuit-là, s’était échappé du palais et était resté ainsi absent toute la nuit ; et, le lendemain, on vint dire au sultan qui demandait de ses nouvelles : « Seigneur,