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histoire du bossu… (el-aschar)
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mon frère lui raconta toute l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin ; et il n’y a aucun profit à la répéter. Puis mon frère ajouta : « Maintenant, ô wali plein d’idées justes et droites, si tu veux, je consens à partager avec toi tout ce qui reste dans cette maison, et cela à parts égales ! » Mais le wali répliqua : « Comment ! tu oses prétendre au partage ! Or, par Allah ! tu n’auras rien, car je dois prendre le tout et ne te rien laisser ! Et tu dois t’estimer fort heureux d’avoir la vie sauve ! D’ailleurs, tu vas immédiatement quitter la ville et ne plus y paraître, sinon tu subiras le pire châtiment ! » Et le wali, qui craignait que le khalifat vînt à savoir l’histoire de l’enlèvement de l’argent pour son seul compte à lui, wali, exila mon frère. Et mon frère fut ainsi obligé de fuir au loin. Mais, pour que la destinée s’accomplit entièrement, à peine était-il hors des portes de la ville, qu’il fut assailli par des brigands qui, ne trouvant sur lui ni or ni valeurs, se contentèrent de lui prendre les habits qu’il avait sur lui, de le mettre nu, et de lui donner une quantité de coups de bâton ; et ils finirent, pour le punir de les frustrer d’une aubaine sur laquelle ils comptaient, par lui couper les oreilles et le nez également.

Et c’est alors que moi, ô commandeur des Croyants, je finis par apprendre les mésaventures de ce pauvre El-Aschar. Alors je me mis à sa recherche, et je n’eus de paix qu’en le retrouvant. Et je le menai chez moi, je le soignai, je le guéris et lui allouai de quoi manger et boire pour le restant de ses jours.

Là est l’histoire d’El-Aschar !