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histoire du bossu… (el-aschar)
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te faire bien des horreurs ? » Elle répondit : « Ô mon maître, avant d’être enfermée dans cette maison maudite, j’étais la propriété d’un riche marchand de la ville ; et cette vieille était une amie de la maison et venait souvent nous voir et me témoignait, à moi surtout, beaucoup d’attachement. Un jour d’entre les jours, elle vint à moi et me dit : « Je suis invitée à une noce qui n’a jamais eu sa pareille, et personne au monde n’en a encore vu une semblable. Et je viens pour t’emmener avec moi ! » Je lui répondis : « Certes, j’écoute et j’obéis ! » Je me levai, je mis mes plus beaux habits et je pris avec moi une bourse contenant cent dinars et je partis avec la vieille. Nous arrivâmes bientôt à cette maison, où la vieille m’introduisit et où je tombai, par sa ruse, entre les mains et sous la puissance du nègre atroce qui, après m’avoir ravi ma virginité, me retint ici par la force et me fit servir ses desseins criminels, aux dépens de la vie des jeunes gens riches que la vieille lui procurait. Et c’est ainsi que depuis trois ans je ne suis qu’une chose entre les mains de la misérable vieille. » Alors mon frère lui dit : « Comme ton sort fut malheureux ! Mais, dis-moi, depuis le temps que tu es ici, tu dois savoir s’il y a beaucoup de richesses amassées par ces criminels ! » Elle répondit : « Certes, il y en a ! et tant, en vérité, que je doute fort que tu puisses tout emporter à toi seul ; car dix hommes n’y suffiraient pas. Viens, d’ailleurs, voir de ton propre œil ! » Et elle prit mon frère et lui fit voir de grands coffres remplis de monnaies de tous les pays et de bourses de toutes les formes. Et mon frère en resta tout ébloui et immobile. Elle lui