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histoire du bossu… (el-aschar)
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toura la taille d’une ceinture qu’il remplit de morceaux de verre pour faire croire que c’était de l’or, cacha un grand sabre sous sa longue robe de Persan, et alla attendre l’arrivée de la vieille, qui ne tarda pas à paraître. Aussitôt il s’approcha d’elle, fit semblant de mal parler l’arabe, notre langue, et imita le parler barbare des Persans pour dire à la vieille femme : « Bonne vieille, je suis un étranger et je voudrais savoir où trouver un trébuchet pour peser et contrôler ces neuf cents dinars d’or, que j’ai là dans ma ceinture et que je viens de toucher pour la vente des marchandises que j’avais apportées de mon pays. » La maudite vieille de malheur lui répondit : « Mais certes, mon jeune ami ! tu tombes bien, car justement mon fils, qui est un beau garçon comme toi, est changeur de sa profession et te prêtera bien son trébuchet. Viens donc, que je te conduise chez lui ! » Il lui dit : « Marche alors devant moi ! » Et elle marcha devant lui et lui derrière elle jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à la maison en question. Et la même jeune esclave grecque leur vint ouvrir, en souriant agréablement, et la vieille lui dit à voix basse : « Cette fois, j’apporte à notre maîtresse des muscles solides et de la chair bien à point ! » Et la jeune esclave prit mon frère par la main et le conduisit dans la salle aux soieries, et resta avec lui à l’amuser quelques instants, puis alla prévenir sa maîtresse, qui arriva et fit avec mon frère tout ce qu’elle avait fait la première fois : et il n’y a aucune utilité à le répéter. Puis elle se retira et soudain apparut l’horrible nègre avec le glaive nu à la main, qui lui cria de se lever et de le suivre en le traitant