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les mille nuits et une nuit

de monteurs solides à l’assaut de sa jeune maîtresse, et pour ensuite être dépouillés et jetés dans ce souterrain, après avoir été recouverts de sel afin que leurs corps ne sentissent pas mauvais.

Le souterrain au fond duquel mon frère El-Aschar fut jeté était grand et plein de ténèbres, et les corps de ceux qui y avaient été précipités s’amassaient en tas les uns sur les autres. Et il demeura là dedans deux jours pleins, dans l’impossibilité d’aucun mouvement par suite de ses blessures et de sa chute. Mais Allah (qu’il soit glorifié et loué !) voulut que le sel dont mon frère avait été bourré fût justement la cause de sa guérison et empêchât le sang de se corrompre et l’étanchât. Ses blessures en voie de cicatrisation et ses forces un peu revenues, mon frère put se dégager d’entre les corps des morts, et se traîner tout le long du souterrain à la faveur d’une faible lumière qui lui parvenait du fond ; cette lumière provenait d’une lucarne au mur qui fermait le souterrain. Il put se hisser jusqu’à la lucarne et de là revenir à la clarté du jour, hors du souterrain.

Il se hâta alors de regagner sa maison, où je vins le trouver et le soignai avec les remèdes que je savais tirer des plantes et des sucs végétaux, et, au bout d’un certain temps, mon frère, complètement guéri, résolut de faire expier à la vieille femme et aux autres le supplice qu’il avait enduré. Il se mit à la recherche de la vieille et suivit ses traces et remarqua l’endroit où elle venait tous les jours pour attirer les jeunes gens qui devaient satisfaire sa maîtresse et devenir ensuite ce qu’ils devenaient. Et, un jour, il se déguisa en Persan étranger, s’en-