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les mille nuits et une nuit

jusqu’à ce que je sois devenu possesseur d’un grand capital. Alors j’achèterai de toutes les espèces de marchandises, droguerie et parfums, et je ne cesserai de vendre qu’après m’être fait de très importants bénéfices. Alors je pourrai acheter un grand palais, des esclaves, des chevaux, et des selles avec des housses de brocart ouvragé d’or ; et je mangerai et je boirai ; et il n’y aura pas une chanteuse en ville que je n’invite à venir chanter dans ma maison. Puis je me mettrai en rapport avec toutes les marieuses les plus expertes de Baghdad et je les enverrai auprès des filles des rois et des vizirs ; et il ne se passera point un long temps que je ne me marie avec, au moins, la fille du grand-vizir ! Car il m’est parvenu que cette jeune fille est particulièrement belle et parfaite en perfections ; aussi je lui constituerai une dot de mille dinars d’or. Et je ne doute pas que son père, le grand-vizir, ne consente immédiatement à ce mariage ; mais, s’il n’y veut pas consentir, eh bien ! j’irai lui enlever sa fille en dépit de son nez, et je la conduirai dans mon palais. Alors je m’achèterai dix jeunes garçons pour mon service particulier. Après cela, je me ferai faire des habits royaux comme n’en portent que les sultans et les émirs ; et je commanderai au bijoutier le plus habile de me faire une selle d’or incrustée de perles et de pierreries. Et alors, monté sur le plus beau cheval, que j’achèterai au chef des Bédouins du désert ou que je ferai venir de la tribu des Anezi, je me promènerai par la ville avec des esclaves nombreux autour de moi, devant moi et derrière moi ; et, de la sorte, j’arriverai au palais du grand-vizir qui, à mon appro-