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les mille nuits et une nuit

à mes trois autres frères, et cela en peu de mots, pour te bien prouver combien je suis concis en paroles et peu bavard de mon tempérament ! » Le khalifat répondit : « Soit ! je veux bien subir le supplice d’avoir les oreilles rompues par tes radotages et endurer encore quelques-unes de tes importunités et lourdeurs, qui, d’ailleurs, ne manquent pas d’agrément. » Alors je dis :


HISTOIRE D’EL-KOUZ,
LE QUATRIÈME FRÈRE DU BARBIER


« Mon quatrième frère, le borgne El-Kouz El-Assouani, le Cruchon incassable, exerçait à Baghdad le métier de boucher. Il excellait dans la vente des viandes et des hachis, et savait à merveille faire l’élevage et engraisser les moutons à grosse queue. Et il savait à qui vendre la bonne viande et à qui réserver la mauvaise. Aussi les principaux clients de la ville et les plus riches des marchands ne s’approvisionnaient que chez lui et n’achetaient guère d’autre viande que celle de ses moutons, de sorte qu’en peu de temps il devint fort riche et propriétaire de grands troupeaux et de grandes propriétés.

Cet état de prospérité ne cessant pas, mon frère El-Kouz était, un jour d’entre les jours, assis dans sa boutique, quand entra un grand cheikh à longue barbe blanche qui lui donna de l’argent et lui dit : « Coupe-m’en, de la bonne viande ! » Et mon frère