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bossu. Et hâtons-nous de filer au plus tôt. » Et le tailleur déposa le corps du bossu sur une des marches de l’escalier, contre le mur, et se hâta de sortir, suivi de sa femme.

Quant à la négresse, elle entra chez le médecin juif, son maître, et lui dit : « En bas, il y a un malade accompagné d’une femme et d’un homme qui m’ont donné pour toi ce quart de dinar afin que tu prescrives à ce malade quelque chose qui lui fasse du bien. » Lorsque le médecin juif vit le quart de dinar, il se réjouit et se hâta de se lever, et, dans sa hâte, il ne songea pas à prendre avec lui de la lumière pour descendre. Si bien qu’il butta du pied contre le bossu et le renversa. Et tout effrayé de voir ainsi rouler un homme, il se hâta de l’examiner et constata la mort et pensa qu’il était la cause de sa mort. Alors il s’écria : « Seigneur ! Ah ! Dieu vengeur ! Par les dix Paroles Saintes ! » Et il continua à invoquer Haroun, Iouschah[1] fils de Noun, et les autres. Et il dit : « Voici que je viens de butter contre ce malade et de le faire rouler jusqu’au bas de l’escalier ! Aussi, comment pourrai-je maintenant sortir de ma maison avec un homme mort ? » Pourtant il finit par le prendre et par le transporter de la cour dans la maison, et il le fit voir à sa femme et lui révéla la chose. Et sa femme terrifiée décria : « Ah ! non ! pas de ça ici ! Vite fais-le sortir ! Car, s’il reste ici jusqu’au lever du soleil, nous sommes perdus sans rémission. Aussi nous allons tous deux le transporter sur la terrasse de la maison, et de là nous le jette-

  1. Aaron, Josué.