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histoire du bossu… (le barbier)
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l’emporta ; et il gagna la sortie au plus vite, pendant que je me sentais mourir d’épouvante. Mais, par la force de la fatalité, pendant qu’il me portait, la populace amassée voulut voir ce qu’il y avait dans le coffre, et tout à coup le couvercle fut enlevé. Alors ne pouvant souffrir la honte et les huées, je me levai précipitamment et je sautai à terre, mais si vite que je me cassai la jambe, Et c’est depuis ce temps que je suis boiteux. Mais, pour le moment, je ne songeais qu’à fuir et à me cacher ; et, comme je trouvais là une foule extraordinaire, je me mis à lui lancer des poignées d’or ; et je profitai de l’empressement de tous ces gens à ramasser l’or pour me dérober et courir à toute vitesse. Je me mis ainsi à parcourir une grande partie des rues les plus obscures de Baghdad. Mais combien ne fus-je point terrifié lorsque je vis soudain le barbier derrière moi et que je l’entendis crier à haute voix : « Ô bonnes gens ! grâce à Allah, j’ai retrouvé mon maître ! On a voulu me frapper dans mon affection pour mon maître ! Mais Allah n’a point permis le triomphe des méchants et me les a fait vaincre et m’a désigné pour le sauver d’entre leurs mains ! » Puis il me dit en courant derrière moi : « Ô mon maître, tu vois maintenant combien tu as mal fait d’agir avec impatience, et de ne point écouter mes conseils. Et sans le secours d’Allah, qui m’a suscité pour ta délivrance, tu aurais subi le pire traitement, et on t’aurait abîmé pour toujours ! Demande donc à Allah de me conserver pour que je sois toute ma vie à ton service, et que je sois pour toi un guide perspicace ; car, tu l’as constaté, tu as l’esprit faible, emporté,