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les mille nuits et une nuit

enfin acheva de me raser toute la tête. Mais tout cela avait fait que le temps de la prière de midi était venu ; et même la prière devait être déjà assez avancée et on devait être au sermon.

Alors je lui dis, pour pouvoir le faire déguerpir : « Va chez tes amis leur porter tous ces mets et toutes ces boissons ; et moi, je te promets d’attendre ton retour pour que tu puisses m’accompagner à ce rendez-vous ! » Et j’insistai beaucoup pour le décider. Alors il me dit : « Je vois bien que tu veux me circonvenir pour te débarrasser de moi et t’en aller seul. Mais je te préviens que, ce faisant, tu te jettes dans des calamités dont tu ne pourras plus trouver l’issue ni te délivrer. Je te conjure donc, dans ton intérêt, de ne point quitter cet endroit avant que je ne revienne te prendre et t’accompagner pour savoir comment va se terminer ton aventure ! » Je lui dis : « Oui ! mais, par Allah ! ne sois pas trop lent à revenir ! »

Alors le barbier me pria de l’aider à mettre sur son dos toutes les choses que je lui avais données, et sur sa tête les deux grands plateaux de pâtisseries, et, tout chargé, il sortit de chez moi. Mais, le maudit ! à peine était-il dehors qu’il appela deux portefaix, leur remit sa charge, leur dit de porter le tout chez lui à tel endroit ; et lui-même s’embusqua dans une ruelle obscure, à attendre ma sortie.

Quant à moi, immédiatement je me levai, je me lavai le plus vite possible, et je m’habillai de mes plus beaux habits et je sortis de ma maison. Et à l’instant même j’entendis la voix des muezzins sur les minarets qui appelaient les croyants à la prière de midi en ce jour saint du vendredi :