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histoire du gâteau échevelé…
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remplis-la comme la précédente ! » Et Mârouf, sans le regarder, lui dit : « Tu peux ! » Et il ajouta : « Et tu en rempliras une troisième salle, puis une quatrième. Et, si le roi ne s’y oppose pas, je pourrai également remplir toutes les salles du palais avec ces choses-là qui, pour moi, n’ont aucune valeur. » Et le roi ne savait plus si tout cela se passait en rêve où à l’état de veille. Et il était à la limite extrême de l’étonnement. Et le vizir sortit pour aller remplir encore une ou deux nouvelles salles avec les trésors rapportés par Mârouf.

Quant à Mârouf, il se hâta, dès que ces préliminaires furent terminés et qu’il eut ainsi prouvé qu’il avait accompli tout ce qu’il avait annoncé, et même au delà, de lever la séance de la distribution, et de se rendre auprès de sa jeune épouse. Et la princesse, dès qu’elle l’eut vu, vint à lui, les yeux pleins de joie, et lui baisa la main, et lui dit : « Sans doute, ô fils de l’oncle, tu as voulu t’égayer à mes dépens et rire de moi, ou peut-être mettre mon affection à l’épreuve, en me racontant l’histoire de ton ancienne pauvreté et de tes malheurs avec ton épouse calamiteuse Fattoumah la Bouse chaude. Mais je remercie Allah Très-Haut qui m’a empêchée de me conduire à ton égard, ô mon maître, autrement que je ne l’ai fait. » Et Mârouf l’embrassa, lui fit la réponse qu’il fallait, et lui donna un habit magnifique et un collier formé de dix rangs de quarante perles orphelines, grosses comme des œufs de pigeon, et des bracelets de poignets et de chevilles ouvrés par les magiciens. Et la princesse, voyant tous ces beaux objets, éprouva un très vif plaisir, et s’écria :