Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
les mille nuits et une nuit

pour les égorger et les offrir au sultan, rôties au beurre de vache…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SOIXANTE-HUITIÈME NUIT

Elle dit :

… et se dirigea vers ses deux poules pour les égorger et les offrir au sultan, rôties au beurre de vache.

Mais Mârouf l’aperçut et l’appela. Et il dit en même temps aux esclaves qui le servaient : « Amenez-le-moi ! » Et ils coururent à lui, et le transportèrent dans le pavillon avec son écuelle de lentilles, ses oignons, son pain noir et son sac à picotin. Et Mârouf se leva en son honneur et l’embrassa et lui dit : « Que portes-tu là, ô mon frère de misère ? » Et le pauvre fellah s’étonna prodigieusement d’être traité si affectueusement par un homme de cette importance, et de l’entendre lui parler sur ce ton et l’appeler son « frère de misère ». Et il se dit : « Si celui-ci est un pauvre, alors que suis-je moi ? » Et il lui répondit : « Je t’apporte le repas de l’hospitalité, ô mon maître, et la ration de ton cheval. Mais je te prie d’excuser mon ignorance ! Car si j’avais su que tu étais le sultan, je n’aurais pas hésité à sacrifier en