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les mille nuits et une nuit

Fattoumah la Bouse chaude, un emplâtre sur mon cœur et un fléau noir sur mes yeux. Et il m’arriva avec elle telle et telle chose. » Et il se mit à raconter à la princesse toute son histoire avec son épouse du Caire, et ce qui lui advint à la suite de l’incident de la kenafa échevelée au miel d’abeilles. Et il ne lui cacha rien et n’omit aucun détail de tout ce qui lui était arrivé à partir de ce moment jusqu’à son naufrage et la rencontre de son camarade d’enfance, le généreux marchand Ali. Mais il n’y a aucune utilité à le répéter.

Lorsque la princesse eut entendu le récit de cette histoire de Mârouf, elle se mit à rire tellement qu’elle se renversa sur le derrière. Et Mârouf se mit à rire également, et dit : « C’est Allah qui est l’Octroyeur des destinées. Et tu étais écrite dans mon sort, ô ma maîtresse. » Et elle lui dit « Certes, ô Mârouf, tu es un maître en fait de ruses, et nul ne peut t’être comparé en finesse, en sagacité, en délicatesse et en bonheur. Mais que dira mon père et que dira surtout son vizir, ton ennemi, s’ils viennent à apprendre la vérité de ton histoire et l’invention de la caravane ? Certainement, ils te feront mourir ; et moi, de douleur, je mourrai à côté de toi. Il vaut donc mieux, pour le moment, que tu quittes le palais, et que tu te retires vers quelque pays éloigné, en attendant que je trouve le moyen d’arranger les choses et d’expliquer l’inexplicable. » Et elle ajouta : « Prends donc ces cinquante mille dinars que je possède, monte à cheval et va vivre dans un endroit caché, en me faisant connaître ta retraite, afin que je puisse, tous les jours, t’expédier un courrier qui