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histoire du gâteau échevelé…
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dans la balance, plus que ce que tient dans sa main cet homme inconnu. »

Et le roi, en entendant ces paroles, vit le monde noircir devant son visage, et cria au vizir : « Ô traître exécrable qui hais ton maître, tu ne parles ainsi, en cherchant à me dissuader de ce mariage, que parce que tu désires te marier toi-même avec ma fille. Mais cela est loin de ton nez ! Cesse donc de vouloir jeter le trouble et le doute dans mon esprit au sujet de cet admirable homme riche à l’âme délicate, aux manières distinguées. Sinon, dans mon indignation de tes perfides discours, je ferai entrer ta longueur dans ta largeur. » Et il ajouta, fort excité : « Ou, peut-être, veux-tu que ma fille me reste sur les bras, vieillie et inacceptée par les prétendants ! Pourrais-je jamais trouver un gendre pareil à celui-ci, parfait sous tous les rapports, et généreux et réservé et charmant, qui, sans aucun doute, aimera ma fille, et lui fera cadeau de choses merveilleuses, et nous enrichira tous, depuis le plus grand jusqu’au plus petit ! Allons ! marche, et va me chercher le cheikh al-islam ! »

Et le vizir s’en alla, avec le nez allongé jusqu’à ses pieds, appeler le cheikh al-islam, qui se rendit aussitôt au palais, et se présenta devant le roi. Et il dressa, séance tenante, le contrat de mariage.

Et la ville entière fut décorée et illuminée, sur l’ordre du roi. Et partout il n’y eut que fêtes et réjouissances. Et Mârouf, le savetier, ce pauvre qui avait vu la mort noire et la mort rouge et goûté à toutes les calamités, s’assit sur un trône, dans la cour du palais. Et une foule de baladins, de lutteurs,