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histoire du gâteau échevelé…
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de cuivre. Et l’édification des marchands fut telle, qu’un silence imposant régna sur leur assemblée, et que leur esprit fut confondu et leur entendement ébloui. Et ils pensèrent : « Ya Allah, que cet homme doit être riche, pour se montrer si généreux ! » Et, de cette manière, Mârouf s’acquit, d’un instant à l’autre, un grand crédit et une réputation merveilleuse de richesse et de générosité.

Et la renommée de sa libéralité et de ses manières admirables arriva jusqu’aux oreilles du roi de la ville, qui fit aussitôt appeler son vizir, et lui dit : « Ô vizir, il doit arriver ici une caravane chargée d’immenses richesses, et qui appartient à un merveilleux marchand étranger. Or, je ne veux pas que les marchands du souk, ces fripons, qui sont déjà trop riches, fassent leur profit de cette caravane. Il vaut donc beaucoup mieux que ce soit moi qui en bénéficie, avec mon épouse ta maîtresse, et la princesse ma fille. » Et le vizir, qui était un homme plein de prudence et de sagacité, répondit au roi : « Il n’y a pas d’inconvénient. Mais ne penses-tu pas, ô roi du temps, qu’il serait préférable d’attendre l’arrivée de cette caravane-là pour prendre les mesures nécessaires ? » Et le roi se fâcha, et dit : « Es-tu fou ? Et depuis quand prend-on la viande chez le boucher quand les chiens l’ont dévorée ? Hâte-toi plutôt de faire venir en ma présence le riche marchand étranger, afin que je m’entende avec lui à ce sujet. » Et le vizir fut bien obligé, malgré son nez, d’exécuter l’ordre du roi.

Et lorsque Mârouf arriva en présence du roi, il s’inclina profondément, et embrassa la terre entre