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histoire du gâteau échevelé…
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a plus de magasins et de dépôts dans le monde entier que le feu ne peut en consumer. Et moi-même je ne suis auprès de lui qu’un infime colporteur. Et ses associés et ses agents et ses comptoirs sont nombreux dans toutes les villes de la terre, depuis l’Égypte et l’Yémen jusqu’à l’Inde et aux limites extrêmes de la Chine. Ah ! vous verrez quel homme c’est, lorsqu’il vous sera donné de le connaître plus intimement. »

Et, d’après ces assurances, faites du ton de la plus exacte vérité et avec l’accent le plus pénétré, les marchands conçurent la plus grande idée de Mârouf. Et ce fut à qui viendrait lui faire des salams et des congratulations et des souhaits de bienvenue. Et ils tinrent à honneur de l’inviter tous à dîner les uns après les autres, tandis qu’il souriait d’un air complaisant et s’excusait de ne pouvoir accepter, vu qu’il était déjà l’hôte du marchand Ali, son ami. Et le syndic des marchands vint lui faire visite, ce qui était tout à fait contraire à la coutume qui veut que ce soit le nouveau venu qui fasse la première visite ; et il s’empressa de le mettre au courant de la cote des marchandises et des diverses productions du pays. Et, ensuite, pour lui montrer qu’il était tout disposé à le servir et à lui faire écouler les marchandises qu’il aurait apportées des pays du loin avec lui, il lui dit : « Ô mon maître, tu as sans doute beaucoup de ballots de drap jaune ? Car ici on a un goût particulier pour le drap jaune. » Et Mârouf, sans hésiter, répondit : « Du drap jaune ? Mais en quantité ! » Et le syndic demanda : « Et du drap rouge sang de gazelle, en as-tu beaucoup ? » Et