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les mille nuits et une nuit

laver de tes larmes précieuses la fleur de ton visage, retomber sur moi, en sorte que tu sois toujours satisfaite et riante ! Voici que je t’apporte la bonne nouvelle. » Et elle lui remit la réponse de Nourgihân, en l’accompagnant des explications gentilles que lui avait données, à l’intention de sa maîtresse, le bel adolescent.

Et quand Visage de Lys eut pris connaissance de la lettre, et entendu de la bouche de sa favorite les choses délicates que n’avait pu exprimer par écrit le beau ravisseur Nourgihân, elle se leva consolée, et permit à ses jeunes filles de l’arranger, de la préparer et de l’habiller.

Alors ces charmantes employèrent toute leur habileté à faire briller leur maîtresse. Elles la peignèrent et la parfumèrent avec tant d’art, en disposant les peignes dans sa chevelure, que le musc de Tartarie s’évaporait par jalousie devant la bonne odeur qu’elle exhalait, et que les cœurs dansaient dans les poitrines en voyant la splendide natte qui lui tombait jusqu’aux reins, tressée comme les palmes aux jours de fête. Et elles lui passèrent ensuite autour de la taille une ceinture de mousseline rouge, dont chaque fil était tissé pour la chasse des cœurs. Puis elles l’enveloppèrent d’une gaze rose qui laissait voir la couleur du corps, et d’un caleçon d’une ampleur royale, en tissu plus épais, propre à asservir le monde. Et elles ornèrent de perles la raie qui séparait ses cheveux, si bien que les étoiles de la voie lactée en furent couvertes de confusion. Et elles mirent à son front un brillant diadème, qui la rendit si brillante qu’on pouvait croire à l’apparition dans le