Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
les mille nuits et une nuit

cordons notre consentement, mais c’est à la condition expresse que ton frère, le roi Schahzaman, habite désormais avec nous. Car moi je ne pourrais me séparer, ne fût-ce qu’une heure, de ma petite sœur. C’est moi qui l’ai élevée ; et elle ne peut pas plus me quitter que moi la quitter. Si donc ton frère accepte cette condition, ma sœur est, dès cet instant, son esclave. Sinon, nous la gardons. »

Alors le roi Schahriar alla trouver son frère, avec la réponse de Schahrazade. Et le roi de Samarkand s’écria : « Par Allah ! ô mon frère, c’était là précisément mon intention. Car moi aussi, je ne pourrais plus me séparer de toi, ne fût-ce qu’une seule heure ! Quant à ce qui est du trône de Samarkand, Allah lui choisira et lui enverra qui Il voudra. Car, pour ma part, je ne veux plus régner là-bas, et je ne bougerai plus d’ici. »

En entendant ces paroles, le roi Schahriar ne connut plus les bornes de la joie, et répondit « Voilà ce que je souhaitais ! Loué soit Allah, ô mon frère, qui nous a enfin réunis après la longue séparation ! »

Et, séance tenante, on envoya chercher le kâdi et les témoins. Et on dressa le contrat de mariage du roi Schahzaman avec Doniazade, la sœur de Schahrazade. Et les deux frères furent ainsi mariés aux deux sœurs.

Et c’est alors que les réjouissances et les illuminations furent à leur apogée, et que, pendant quarante jours et quarante nuits, toute la ville mangea et but et se divertit aux frais du trésor.

Quant aux deux frères et aux deux sœurs, ils entrèrent au hammam, et se baignèrent dans l’eau de roses et l’eau de fleurs et l’eau de saule odorant et l’eau parfumée au musc, et on brûla à leurs pieds du bois d’aigle et de l’aloès.

Et Schahrazade peigna et natta les cheveux de sa jeune sœur, et les arrosa de perles. Puis elle la revêtit d’une robe en étoffe ancienne, du temps des Khosroès, brochée