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la tendre histoire du prince jasmin…
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roquet au doux langage et qui ne devrais croquer que du sucre ! » Elle dit, et disparut comme le camphre.

Et lorsque cette amande sans écorce eut ainsi disparu comme le camphre, le berger Jasmin s’apprêta à goûter à ces friandises préparées par les doigts de la fille du roi. Alors il vit s’avancer de son côté l’oncle même de sa bien-aimée, un vieillard hostile et malintentionné, qui passait ses jours à détester tout le monde et à empêcher les musiciens de jouer et les chanteurs de chanter. Et lorsqu’il fut arrivé à côté de l’adolescent, il le regarda avec les yeux torves de la défiance, et lui demanda ce qu’il avait là, devant lui, dans le plateau du roi. Et Jasmin, qui était sans méfiance, crut que le vieillard avait envie de manger. Et il ouvrit son cœur, généreux comme la rose de l’automne, et lui fit don de tout le plateau de friandises.

Et le calamiteux vieillard se retira aussitôt pour aller montrer ces friandises et ce plateau au père d’Amande, le roi Akbar, qui était son propre frère. Et il lui fit voir de la sorte la preuve des rapports d’Amande et de Jasmin.

Et le roi Akbar, en apprenant cela, fut à la limite de la colère, et, faisant venir sa fille Amande, il lui dit : « Ô honte de tes pères, tu as jeté l’opprobre sur notre race ! Jusqu’à ce jour, notre demeure était libre des mauvaises herbes et des épines de la honte. Mais toi, tu as jeté sur moi le nœud coulant de la fourberie, et tu m’y as pris. Et, par les manières câlines que tu as eues envers moi, tu as voilé la lampe de mon intelligence. Ah ! quel est l’homme