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les lucarnes… (l’inconvénient…)
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les lèvres et marmonnait quelque chose, en le fixant. Et, comme il ne pouvait saisir ce qu’elle prononçait ainsi entre ses lèvres, il lui dit : « Ô ma mère, je crois bien que tu es en train de me maudire, en pensant à ton fils assassiné par les Persans hérétiques, et à mon avènement au trône qu’il occupait. Et pourtant Allah seul a dirigé nos destinées. » Mais Zobéida se récria, disant : « Non, par la mémoire sacrée de ton père, ô émir des Croyants ! éloignées soient de moi de telles tendances ! » Et Al-Mâmoun lui demanda : « Alors, peux-tu me dire ce que tu marmonnais entre tes lèvres, en me regardant ? » Mais elle baissa la tête, comme une personne qui ne veut pas parler, par respect pour son interlocuteur, et répondit : « Que l’émir des Croyants veuille bien m’excuser et me dispenser de lui dire le motif qu’il me demande. » Mais Al-Mâmoun, pris de vive curiosité, se mit à insister beaucoup et à presser Zobéida de questions, tellement que, poussée à bout, elle finit par lui dire : « Eh bien, voici ! Je maudissais l’insistance, en marmottant : « Qu’Allah confonde les gens importuns affligés du vice de l’insistance ! » Et Al-Mâmoun lui demanda : « Mais à quel propos ou à quel souvenir lançais-tu cette réprobation ? » Et Zobéida répondit : « Puisque tu tiens absolument à le savoir, voici ! » Et elle dit :

« Sache donc, ô émir des Croyants, qu’un jour, ayant joué aux échecs avec ton père l’émir des Croyants, Haroun Al-Rachid, je perdis la partie. Et ton père m’imposa, comme amende, de faire le tour du palais et des jardins, toute nue, au milieu de la nuit. Et, malgré mes prières et mes supplications, il