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les mille nuits et une nuit

« Pourras-tu du moins me dire qui il y a chez lui ? » Il me répondit : « Il n’y a là qu’une seule personne, Issa, le chambellan, et, dans la pièce voisine, l’épouse du chambellan. »

Alors moi, refusant désormais de comprendre, je dis : « Je me lie à Allah ! Il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Tout-Puissant, l’Omniscient ! » Et, arrivé dans la chambre qui précédait la pièce où d’ordinaire se tenait le khalifat, je fis entendre le mouvement de ma marche et le bruit de mes pas. Et le khalifat demanda de l’intérieur : « Qui est à la porte ? » Et je répondis aussitôt : « Ton serviteur Yâcoub, ô émir des Croyants. » Et la voix du khalifat dit : « Entre ! » Et j’entrai. Et je trouvai Haroun assis, ayant à sa droite le chambellan Issa. Et je m’avançai en me prosternant ; et je l’abordai par le salam. Et, à mon grand soulagement, il me rendit le salam. Puis il me dit, en souriant : « Nous t’avons troublé, dérangé, peut-être effrayé ? » Et je répondis ; « Effrayé seulement, ô émir des Croyants, moi et ceux que j’ai laissés chez moi. Par la vie de ta tête, nous avons tous été bouleversés ! » Et le khalifat me dit avec bonté : « Assieds-toi, ô père de la loi. » Et je m’assis, léger, délivré de mes appréhensions et de ma peur.

Et, au bout de quelques instants, le khalifat me dit : « Ô Yâcoub, sais-tu pourquoi nous t’avons mandé ici à cette heure de la nuit ? » Et je répondis ; « Je ne le sais pas, ô émir des Croyants. » Il me dit : « Écoute donc ! » Et, me montrant son chambellan Issa, il me dit : « Je t’ai fait venir, ô Abou-Youssef, pour te prendre à témoin du serment que je vais faire. Sache, en effet, qu’Issa que voici