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histoire de la rose marine…
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bague qu’elle portait elle-même, et se la passa à son propre doigt. Et il sortit alors du pavillon, sans la réveiller, en récitant ces vers :

« Je quitte ce jardin en emportant dans mon cœur, comme la tulipe sanglante, la blessure de l’amour.

Le malheureux est celui qui sort du jardin du monde, sans avoir emporté la moindre fleur dans le pan de sa robe. »

Et il alla trouver le genni gardien de la forêt, qui l’attendait à la porte du jardin, et le pria de le transporter sans retard dans le royaume du roi Zein El-Moulouk, au Scharkistân. Et le genni répondit : « Ouïr c’est obéir ! Mais pas avant que tu m’aies donné un autre gâteau ! » Et Nourgihân lui donna le dernier gâteau qui lui restât encore. Et aussitôt le genni le prit sur son bras gauche, et partit avec lui, en course aérienne, vers le Scharkistân.

Et ils arrivèrent sans encombre dans le royaume du roi aveugle Zein El-Moulouk. Et lorsqu’ils eurent atterri, le genni dit au beau Nourgihân : « Ô capital de ma vie et de ma joie, je ne veux pas te quitter sans te laisser une marque de ma sollicitude. Prends cette touffe de poils que je viens de m’arracher de la barbe à ton intention. Et chaque fois que tu auras besoin de moi, tu n’auras qu’à brûler un de ces poils. Et je serai immédiatement entre tes mains. » Et, ayant ainsi parlé, le genni baisa la main qui l’avait nourri, et s’en alla en sa voie.

Quant à Nourgihân, il se hâta de monter au palais de son père, après avoir demandé l’audience et