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les lucarnes… (les deux danseuses)
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sère de ce poète-musicien, ton ami, est vraiment entachée d’exagération. Car il m’a affirmé qu’il était parfaitement heureux, et qu’il ne manquait absolument de rien. » Et Abdallah sentit son visage se couvrir de confusion, et ne sut que penser de ces paroles. Mais le khalifat reprit : « Eh oui, par ma vie, ô Abdallah, cet homme était d’ailleurs dans un état de bonheur dont je n’ai jamais vu le pareil chez aucune créature. » Et il lui répéta les hyperboles que lui avait débitées le poète-musicien. Et Abdallah, moitié formalisé, moitié riant, répondit : « Par la vie de ta tête, ô émir des Croyants, il en a menti ! Il en a impudemment menti ! Lui, à son aise ! Lui, content ! Mais c’est l’homme le plus misérable, le plus dénué de tout ! La vue de sa femme et de ses enfants vous ferait trembler les larmes sur le bord des paupières. Crois bien, ô émir des Croyants, que nul, dans tout l’empire, n’a plus besoin que lui du plus mince de tes bienfaits. » Et le khalifat, à ces paroles, ne sut plus que penser du poète-musicien.

Et Abdallah, dès qu’il fut sorti de chez le khalifat, se hâta de se rendre chez Ibn Abou-Atik. Et il le trouva en grande expansion avec les deux belles danseuses, une sur son genou droit et une sur son genou gauche, en face d’un plateau couvert de boissons…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.