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les lucarnes… (ishâk de mossoul…)
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pel, je ne pus répéter ce qui me tenait tant à cœur.

Et depuis lors, jour et nuit, je m’évertuai à exciter ma mémoire sur cette musique, mais sans plus de résultat. Et, de désespoir, je renonçai à mon luth et à mes leçons, et me mis à parcourir Baghdad, puis Mossoul, et Bassrah, puis tout l’Irak, en demandant cette musique et ce chant à tous les plus vieux chanteurs et à toutes les plus anciennes chanteuses ; mais je ne réussis à rencontrer personne qui en connût l’air ou qui me renseignât sur le moyen de le retrouver.

Alors, voyant que toutes mes recherches étaient inutiles, je résolus, pour me délivrer de cette obsession, de faire, à travers le désert, le voyage du Hedjaz, pour aller à Médine retrouver le cheikh hedjazien, et le prier de me chanter encore une fois la cantilène de son grand-père.

Et lorsque je pris cette résolution, je me trouvais à Bassrah, me promenant sur le bord du fleuve. Et voici que je fus accosté par deux jeunes femmes vêtues d’habits discrets et riches, et paraissant être des femmes de haut rang. Et elles saisirent la bride de mon âne et l’arrêtèrent, en me saluant.

Et moi, fort ennuyé et ne pensant qu’à ma cantilène hedjazienne, je leur dis d’un ton péremptoire : « Laissez ! laissez ! » Et je voulus reprendre la bride de mon âne. Mais voici que l’une d’elles, sans soulever son voile de visage, me sourit d’en dessous, et me dit : « Eh bien, ô Ishâk, où en est maintenant ta passion pour la belle cantilène de Maâbad le Hedjazien : Ô beauté du cou de ma Molaïkah ! Et as-tu cessé de courir le monde à sa recherche ? » Et elle