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les mille nuits et une nuit

un sorbet au tamarin, qui contenait l’arrêt du destin.

Or, le premier qui apprit la mort d’Al-Hadi fut précisément l’eunuque Massrour. Et immédiatement il courut chez la princesse Khaïzarân et lui dit : « Ô mère du khalifat, qu’Allah prolonge tes jours ! mon maître Al-Hadi vient de mourir. » Et Khaïzarân lui dit : « Bien. Mais, ô Massrour, garde secrète cette nouvelle, et ne divulgue point cet événement subit. Et maintenant va au plus vite chez mon fils Al-Rachid, et amène-le-moi. »

Et Massrour alla chez Al-Rachid, et le trouva couché. Et il le réveilla, lui disant : « Ô mon maître, ma maîtresse t’appelle à l’instant. » Et Haroun, bouleversé, s’écria : « Par Allah ! mon frère Al-Hadi lui aura encore parlé contre moi, et lui aura révélé quelque complot tramé par moi et dont je n’ai jamais eu l’idée. » Mais Massrour l’interrompit, lui disant : « Ô Haroun, lève-toi vite et suis-moi. Calme ton cœur et rafraîchis tes yeux, car tout est en voie prospère, et tu ne trouveras que succès et joie. »

Là-dessus Haroun se leva debout et s’habilla. Et aussitôt Massrour se prosterna devant lui, et, baisant la terre entre ses mains, il s’écria : « Le salam sur toi, ô émir des Croyants, imam des serviteurs de la foi, khalifat d’Allah sur la terre, défenseur de la loi sainte et de ce qu’elle impose. » Et Haroun, plein d’étonnement et d’incertitude, lui demanda : « Que signifient ces paroles, ô Massrour ? Il y a un moment tu m’appelais de mon nom, simplement ; et à présent tu me donnes le titre d’émir des Croyants. A quoi dois-je attribuer ces paroles contradictoires, et