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les mille nuits et une nuit

srour sortit et se rendit aussitôt auprès du khalifat.

Et dès qu’Al-Hadi l’eut aperçu, il lui dit : « Eh bien ! où est ce que je t’ai demandé ? » Et Massrour répondit : « Ô mon maître, la princesse Khaïzarân, ma maîtresse, m’a aperçu me jetant sur ton frère Al-Rachid ; et elle m’a arrêté, et m’a repoussé et m’a empêché de remplir ma mission. » Et le khalifat, à la limite de l’indignation, se leva et dit à Ishâk et à la chanteuse Ghâder : « Restez ici à la place où vous êtes, jusqu’à ce que je revienne. »

Et il arriva chez sa mère Khaïzarân, et vit tous les dignitaires et les émirs assemblés chez elle. Et la princesse, en l’apercevant, se leva debout ; et les personnages qui étaient chez elle se levèrent également. Et le khalifat, se tournant vers sa mère, lui dit d’une voix que la colère étouffait : « Pourquoi donc, lorsque je veux et ordonne une chose, t’opposes-tu à mes volontés ? » Et Khaïzarân s’écria : « Qu’Allah me préserve, ô émir des Croyants, de m’opposer à aucune de tes volontés ! Mais je désire seulement que tu m’indiques pour quel motif tu exiges la mort de mon fils Al-Rachid. C’est ton frère et ton sang ; il est comme toi l’âme et la vie issues de ton père. » Et Al-Hadi répondit : « Puisque tu veux le savoir, sache donc que je veux me débarrasser d’Al-Rachid à cause d’un songe que j’ai eu la nuit dernière et qui m’a pénétré d’épouvante. Dans ce songe, en effet, j’ai vu Al-Rachid assis sur le trône, à ma place. Et mon esclave favorite Ghâder, était près de lui ; et il buvait et jouait avec elle. Et moi, aimant ma souveraineté, mon trône et ma favorite, je ne veux pas voir plus longtemps à mes côtés,