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les mille nuits et une nuit

murmura : « Nous sommes à Allah et nous retournerons à lui. » Et il finit par sortir, semblable à un homme ivre.

Et il alla, à la limite de l’émotion, trouver la princesse Khaïzarân, la mère d’Al-Hadi et de Haroun Al-Rachid. Et elle le vit qui était éperdu et bouleversé, et lui demanda : « Qu’y a-t-il, ô Massrour ? Qu’est-il donc arrivé, que tu parais ici à cette heure, si tard dans la nuit ? Dis-moi ce que tu as. » Et Massrour répondit : « Ô ma maîtresse, il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Tout-Puissant ! Voici que notre maître le khalifat Al-Hadi, ton fils, vient de me donner cet ordre-ci : « Va tout de suite chez mon frère Al-Rachid, et apporte-moi sa tête. »

Et Khaïzarân, à ces paroles du porte-glaive, fut pleine de terreur ; et l’épouvante descendit dans son âme ; et l’émotion lui serra le cœur à le briser. Et elle baissa la tête et se recueillit un instant. Puis elle dit à Massrour : « Va vite chez mon fils Al-Rachid, et amène-le ici avec toi. » Et Massrour répondit par l’ouïe et l’obéissance, et partit.

Et il entra dans l’appartement de Haroun. Et Haroun, à ce moment, était déjà déshabillé, au lit, les jambes sous sa couverture. Et Massrour lui dit vivement : « Lève-toi, au nom d’Allah, ô mon maître, et viens avec moi immédiatement chez ma maîtresse, ta mère, qui t’appelle. Et Al-Rachid se leva et, s’habillant à la hâte, il passa avec Massrour dans l’appartement de Sett Khaïzarân.

Or, dès qu’elle eut aperçu son fils préféré, elle se leva et courut à lui et l’embrassa, sans lui dire un mot, et le poussa dans une petite pièce dissimulée,