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les mille nuits et une nuit


LE PARASITE


On raconte que l’émir des Croyants El-Walid, fils d’Yézid, l’Ommiade, se plaisait extrêmement en la compagnie d’un gourmand fameux, ami des bons plats et de tout fumet, qui s’appelait Tofaïl aux Festins, et dont le nom a servi depuis à caractériser les parasites qui s’invitent eux-mêmes aux noces et festins. Du reste ce Tofaïl, gastronome en grand, était homme d’esprit, savant, malin, moqueur ; et il était vif à la repartie et à l’à-propos. En outre, sa mère avait été convaincue d’adultère. Et c’est lui, précisément, qui a condensé la doctrine des parasites en quelques règles courtes, en même temps que pratiques, qui se résument dans les données suivantes :

Que celui qui s’invite à un bon repas de noces, évite avec soin de regarder çà et là d’un air incertain.

Qu’il entre d’un pied ferme et choisisse la meilleure place, sans fixer personne, afin que les invités et convives pensent qu’il est un personnage de première importance.

Si le portier de la maison est revêche et difficile, qu’il soit semoncé et tenu bas à sa place, sans qu’il puisse se permettre la moindre observation.

Une fois assis devant la nappe, qu’il se jette sur