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les lucarnes… (la chanteuse sallamah…)
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à gauche, elle s’éloignait en courant et revenait à sa place, essoufflée, provoquant par là de plus nombreux essais de la part d’Yézid, et de plus nombreuses coquetteries. Et ce jeu dura assez longtemps. Mais comme il fallait tout de même conquérir les perles, aux conditions acceptées, Sallamah fit un signe à son esclave, qui, subitement, se jeta sur Yézid, le saisit par les deux épaules, et le retint ferme en place. Et Sallamah, ayant prouvé par ce manège qu’elle était victorieuse et non point vaincue, vint d’elle-même, un peu confuse, et la sueur au front, prendre de ses jolies lèvres les perles magnifiques emprisonnées entre les lèvres d’Yézid, qui les troqua ainsi contre un baiser. Et, dès qu’elle les eut en sa possession, Sallamah, retrouvant bien vite son assurance, dit à Yézid, en riant. « Par Allah ! te voilà vaincu de toutes les manières, le sabre enfoncé dans les reins. » Et Yézid, courtois, répondit : « Par ta vie, ô Bleue, d’être vaincu, je n’ai souci. Le délicieux parfum que sur tes lèvres j’ai recueilli me restera au cœur, tant que je vivrai, comme un éternel arome ! »

Qu’Allah ait en sa compassion Yézid ben Aûf ! Il mourut martyr de l’amour.

— Puis le jeune homme riche dit : « Écoutez maintenant un trait de tofaïlisme. Et vous savez que nos pères arabes entendaient par ce mot, — qui tire Son origine de Tofaïl le gourmand, — l’habitude qu’ont certaines personnes de s’inviter elles-mêmes aux festins et d’avaler les repas et les boissons, sans qu’on les en prie. Ainsi, écoutez. »

Et il dit :