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les lucarnes… (les maris appréciés…)
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la fois, il vous frappe, vous darde et vous blesse. Loup dangereux, puisse-t-il crever !

Et la cinquième dit : « Oh ! mon époux, il est bon et beau comme une belle nuit des nuits de Tihamah, généreux comme la généreuse pluie des nuées, et honoré et craint de tous nos guerriers. Quand il sort, c’est un lion magnifique et vigoureux. Il est grand, et sa générosité fait que la cendre de son foyer, ouvert à tous, est toujours abondante. La colonne de son nom est haute et glorieuse. Sobre, il reste sur sa faim la nuit d’un festin ; vigilant, il ne dort jamais la nuit du danger ; hospitalier, il a fixé sa demeure tout près de la place publique, pour recueillir les voyageurs. Ô ! qu’il est grand et beau ! qu’il est charmant ! Il a la peau douce et moelleuse, une soie de lapin qui vous chatouille délicieusement. Et le parfum de son haleine est l’arôme suave du zarnab. Et, avec toute sa force et sa puissance, j’en fais à ma guise avec lui. »

Enfin la sixième dame yéménite sourit doucement et dit à son tour : « Oh ! moi, mon mari c’est Malik Abou-Zar, l’excellent Abou-Zar, connu de toutes nos tribus. Il m’a trouvée enfant d’une pauvre famille, dans la gêne et à l’étroit, et il m’a conduite dans sa tente aux belles couleurs, et m’a enrichi les oreilles de précieuses pendeloques, la poitrine de belles parures, les mains et les chevilles de beaux bracelets, et les bras d’un rond embonpoint. Il m’a honorée comme épouse, et m’a portée dans une demeure où retentissent sans cesse les vives chansons des théorbes, où étincellent les belles lances sahariennes aux hampes bien dressées, où l’on entend sans cesse