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quelques sottises et théories…
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cuire en toute hâte le filet de mouton et le manger avec son frère, sans en rien laisser. Et lorsque Goha fut rentré, il sentit l’odeur appétissante des brochettes grillées, et ses narines se gonflèrent, et son estomac se sensibilisa. Mais quand il se fut assis devant le plateau, sa femme lui apporta, pour tout repas, un morceau de fromage grec et un pain moisi. Quant au kabab, il n’y en avait pas trace. Et Goha, qui n’avait fait que penser à ce kabab-là, dit à sa femme « Ô fille de l’oncle, et le kabab ? Quand vas-tu me le servir. » Et elle répondit : « La miséricorde d’Allah sur toi et sur le kabab ! Le chat de la maison l’a dévoré, alors que j’étais allée aux cabinets. » Et Goha, sans dire un mot, se leva et saisit le chat et le pesa dans la balance de la cuisine. Et il constata qu’il pesait bien moins que le filet de mouton qu’il avait apporté. Et il se tourna vers son épouse, et lui dit : « Ô fille des chiens, ô dévergondée ! si ce chat que je tiens est l’avaleur de la viande, où est le poids du chat ? Et si ce que je tiens est le chat, où est la viande ? »

— Et, un autre jour, son épouse, étant occupée à la cuisine, lui remit le nourrisson, leur fils, qui était âgé de trois mois, et lui dit : « Ô père d’Abdallah, prends cet enfant, et berce-le, pendant que je suis près de la poêle. Puis je le prendrai de toi. » Et Goha voulut bien se charger de l’enfant, bien qu’il n’aimât pas beaucoup cette besogne-là. Or, précisément à ce moment, l’enfant fut pris d’un besoin de pisser, et se mit à pisser sur le caftan neuf de son père. Et Goha, à la limite de la contrariété,