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quelques sottises et théories…
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à sa porte et lui dit : « Ô Goha, à cause de l’amitié, prête-moi ton âne, dont j’ai besoin pour une course urgente. » Et Goha, qui n’avait pas une grande confiance en cet ami, répondit : « J’eusse bien voulu te prêter l’âne, mais il n’est plus ici, je l’ai vendu. » Or, à ce moment même, l’âne se mit à braire dans l’étable, et l’homme entendit cet âne qui était en train de braire interminablement, et il dit à Goha : « Il est là, ton âne ! » Et Goha répondit d’un ton fort offusqué : « Hé, par Allah ! voilà maintenant que tu crois l’âne et tu ne me crois pas ! Va-t’en, je ne veux plus te voir ! »

— Et, une autre fois, le voisin de Goha vint le trouver pour l’inviter à un repas, lui disant : « Viens, ô Goha, manger dans ma maison. » Et Goha accepta l’invitation. Et lorsqu’ils se furent tous deux assis devant le plateau des mets, on leur servit une poule. Et Goha, après plusieurs essais de mastication, finit par renoncer à toucher à cette poule, qui était une vieille d’entre les poules les plus vieilles, et dont la chair était coriace ; et il se contenta d’absorber un peu du bouillon où elle avait cuit. Après quoi il se leva et, prenant la poule, il la plaça dans la direction de la Mecque, et se disposa à faire sa prière sur elle. Et son hôte, offusqué, lui dit : « Que vas-tu faire, ô mécréant ! Et depuis quand les musulmans font-ils leurs prières sur les poules ? » Et Goha répondit : « Ô oncle, tu te fais illusion ! Cette volaille, sur laquelle je vais faire ma prière, n’est pas une volaille ! Elle est seulement une apparence de volaille ; car, en réalité, elle est une vieille sainte femme