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les mille nuits et une nuit

supporté toutes ces peines et toutes ces fatigues. Et il se dit que s’il rendait un jugement sévère, il l’affligerait sans aucun doute. Aussi, après avoir encore réfléchi un instant, il lui dit : « Ô mon fils, celui qui, après beaucoup de peines et de difficultés, obtient une perle sans prix, doit la garder soigneusement. Certes ! cette princesse à l’esprit fantasque s’est rendue coupable, par son aveuglement, d’actions répréhensibles ; mais il faut les considérer comme ayant été faites par la volonté du Très-Haut. Et si tant de jeunes gens ont été privés de la vie par sa faute, c’est que l’écrivain du destin l’avait ainsi écrit dans le livre de la destinée. D’autre part, n’oublie pas, ô mon fils, que cette adolescente t’a traité avec beaucoup d’égards, lorsque tu t’es introduit, comme santon, dans son jardin. Enfin tu sais que la main du désir de personne, pas plus du nègre que de n’importe qui au monde, n’a atteint le fruit du jeune arbrisseau de son être, et que personne n’a savouré le goût de la pomme de son menton ni de la pistache de ses lèvres. »

Et Diamant fut sensible aux paroles de ce doux langage, d’autant plus que les bienheureuses aux charmantes manières, ses quatre épouses, appuyaient ce discours de leur assentiment. C’est pourquoi, ayant choisi un jour et un moment favorables, ce jouvenceau au corps de soleil s’unit avec cette lune perfide, semblable au serpent auprès du trésor. Et il eut d’elle, comme de ses quatre épouses légitimes, des enfants merveilleux, dont les pas furent autant de félicités, et qui eurent pour esclaves, comme leur père Diamant le Splendide et leur grand-père