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histoire splendide du prince diamant
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dre là un repos de quelques jours. Après quoi il le transporta auprès de la délicieuse reine Aziza, au milieu des roses qui s’accordaient avec leurs boutons. Et il trouva cette délicieuse-là qui pleurait son absence et soupirait après son retour, ses joues devenues semblables à la fleur du grenadier. Et, en le voyant entrer, accompagné d’Al-Simourg le Volant, son cœur défaillit, et elle se leva en tremblant comme la biche qui rappelle. Et Al-Simourg le Volant, pour ne pas les gêner, sortit de la salle et les laissa se reconnaître à leur aise. Et quand il rentra, au bout d’une heure de temps, il les trouva encore enlacés, splendeurs sur splendeurs.

Et Diamant, qui avait ses projets arrêtés, dit à Al-Simourg : « Ô notre bienfaiteur, ô père des géants et leur couronne, je souhaite de toi maintenant que tu nous transportes chez ta nièce la charmante Gamila, qui m’attend sur les tisons rougis du désir ! » Et l’excellent Al-Simourg les prit tous deux, chacun sur une épaule, et les transporta, le temps de fermer un œil et de l’ouvrir, auprès de la gentille Gamila, qu’on trouva abîmée dans la tristesse, n’ayant plus de nouvelles de son corps, et en train de soupirer ces strophes :

« Ne rejette pas mon cœur loin de ces yeux dont le narcisse est amoureux.

Ô abstinent, il ne faut pas rejeter les plaintes des gens ivres, mais les reconduire à la taverne.

Mon cœur ne pourra se sauver de l’armée de tes moustaches naissantes ; et, comme la rose blessée, l’ouverture de ma robe ne sera pas recousue.