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histoire splendide du prince diamant
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ni si j’étais la proie d’un horrible rêve. Et je pensais en mon âme : « Ya Allah ! je n’ai jamais frappé Pomme de Pin, même avec une rose ! Comment se fait-il donc qu’elle supporte de tels coups sans mourir ? » Et, pendant que je réfléchissais ainsi, je vis les nègres, apaisés par les excuses de mon épouse, la dévêtir entièrement en lui déchirant ses habits royaux, et lui arracher ses bijoux et ses ornements, puis se précipiter tous sur elle, comme un seul homme, pour l’assaillir de tous les côtés à la fois. Et elle, sous ces violences, répondait par des soupirs contents, des yeux blancs et des halètements.

« Alors moi, ne pouvant supporter plus longtemps cette vue, je me précipitai par la lucarne au milieu de la salle, et, ramassant une matraque d’entre les matraques qui étaient là, je profitai de la stupéfaction des nègres, qui croyaient à la descente parmi eux de quelque genni, pour me jeter sur eux et les assommer à grands coups assénés sur leurs têtes. Et je dénouai de la sorte cinq d’entre eux de dessus mon épouse, et les précipitai en ligne droite dans l’enfer. Ce que voyant, les deux autres nègres qui restaient se dénouèrent d’eux-mêmes d’avec mon épouse, et cherchèrent leur salut dans la fuite. Mais je réussis à en attraper un, et d’un coup je l’étendis à mes pieds ; et, comme il n’était qu’étourdi seulement, je pris une corde et voulus lui lier les poings et les pieds. Et, comme je me baissais, mon épouse accourut soudain par derrière, et me poussa avec une telle force que je m’aplatis sur le sol. Alors le nègre profita de l’occasion pour se lever et monter sur ma poitrine. Et déjà il levait sa matraque pour