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les mille nuits et une nuit

en guise de cadeaux, un nombre considérable de joailleries et de gemmes splendides. Et, après les adieux et les souhaits, nous fûmes transportés, le temps de fermer l’œil et de l’ouvrir, dans la ville de de Wâkâk, ma ville.

« Or, sache maintenant, ô jeune homme, que cette adolescente-ci que tu vois devant toi les mains liées derrière le dos, est la fille de mon oncle, le roi des genn de la Première Couche. C’est elle précisément qui est mon épouse et s’appelle Pomme de Pin. Et c’est d’elle qu’il s’est agi jusqu’à présent, et c’est elle aussi qui va être le sujet de ce que je vais maintenant te raconter.

« En effet, une nuit, quelque temps après mon retour, j’étais endormi à côté de mon épouse Pomme de Pin. Et, à cause de la chaleur qui était grande, je me réveillai contre mon habitude, et je m’aperçus que, malgré la température de cette nuit étouffante, les pieds et les mains de Pomme de Pin étaient plus froids que la neige. Et je fus saisi de sentir ce froid singulier, et, croyant à quelque malaise profond de mon épouse, je la réveillai doucement et lui dis : « Ma charmante, ton corps est glacé ! Souffres-tu ou ne sens-tu rien ? » Et elle me répondit, d’un ton indifférent : « Ce n’est rien. Tout à l’heure j’ai satisfait un besoin, et c’est à cause de l’ablution que j’ai faite ensuite, que mes pieds et mes mains sont froids. » Et moi je crus son discours véridique et, ne disant mot, je me recouchai.

« Or, quelques jours après, la même chose eut lieu, et mon épouse, interrogée par moi, me donna la même explication. Mais cette fois je ne fus point