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histoire splendide du prince diamant
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« Ô ma maîtresse délicieuse, quelle vie est préférable à cet instant où mon âme jouit de ta vue ? Par Allah ! tu es écrite dans mon destin, et je suis venu ici précisément pour obéir à mon destin. Je te supplie donc, par tes yeux, ces diamants, de ne point perdre en paroles sans conséquence un temps que l’on pourrait employer utilement. »

« Alors l’adolescente quitta soudain sa pose nonchalante, et courut à moi, comme mue par un désir irrésistible et me prit dans ses bras, et me serra contre elle avec chaleur, et devint toute pâle et tomba en pâmoison dans mes bras. Et elle ne tarda pas à se mouvementer, à haleter et à frétiller, tant et si bien que, sans arrêt, l’enfant entra dans son berceau, sans cris ni souffrances, tout comme le poisson dans l’eau. Et mon esprit ému, libre de l’inconvénient de rivaux, ne fit plus attention qu’à la jouissance pure et sans défaut. Et nous passâmes toute la journée et toute la nuit, sans parler, ni manger, ni boire, dans les contorsions des jambes et des reins, et dans tout ce qui s’en suit en fait de mouvements et de contre-mouvements. Et le bélier encorneur ne ménagea pas cette brebis batailleuse, et ses secousses étaient celles d’un vrai père au gros cou, et la confiture qu’il servit était une confiture de gros nerf, et le père de la blancheur ne fut pas inférieur à l’outil prodigieux, et le doux-viandu fut la ration du borgne assaillant, et le mulet rétif fut dompté par le bâton du derviche, et le sansonnet muet s’accorda avec le rossignol moduleur, et le lapin sans oreilles marcha de pair avec le coq sans voix, et le muscle capricieux fit mouvoir la langue silencieuse, et, en