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les mille nuits et une nuit

pharaonique, de telle façon que si tu séjournais mille ans sur le bûcher ou dans la fournaise, ton corps n’éprouverait pas le moindre mal, et le feu serait pour toi un bain aussi frais que celui des sources dans le jardin d’Irem. »

« Et, m’ayant ainsi prévenu de tout ce qui devait m’arriver, et tranquillisé d’avance sur l’issue de l’aventure, les deux vieilles me transportèrent, avec une rapidité qui me stupéfia, dans le palais en question qui était celui du roi des genn de la Première Couche. Et, du coup, je crus me voir dans le paradis sublime. Et dans la salle retirée où je fus introduit, je vis celle qui m’était échue de par mon destin, une adolescente illuminée par sa propre beauté, et couchée sur son lit, la tête appuyée sur un oreiller charmant. Et certes ! l’éclat de ses joues rendait tout honteux le soleil lui-même ; et de la regarder trop longtemps vous eût lavé les mains de la raison et de la vie. Et tout aussitôt la flèche perçante du désir de son union entra profondément dans mon cœur. Et je restai devant elle la bouche ouverte, tandis que l’enfant qui m’était échu en héritage se mouvementait considérablement, et ne tendait à rien moins qu’à sortir prendre l’air du temps.

« À cette vue, l’adolescente lunaire fronça le sourcil, comme si elle était mue par quelque sentiment de pudeur, tandis que son regard plein de malice donnait son assentiment. Et elle me dit d’un ton qu’elle voulut courroucé : « Ô être humain, d’où es-tu venu, et quelle audace est la tienne ? Tu ne crains donc pas de laver tes mains de ta propre vie ? » Et moi, pénétrant ses vrais sentiments à mon égard, je répondis :