Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
les mille nuits et une nuit

« Or, un jour d’entre les jours d’Allah, je sortis de ma ville pour chasser, lorsque je fus atteint dans la plaine d’une soif ardente. Et, semblable au perdu dans le désert, j’allai de tous côtés à la recherche de l’eau. Et, après bien des peines et beaucoup d’anxiété, je finis par découvrir une citerne ténébreuse, creusée par les peuples anciens. Et je remerciai Allah Très-Haut pour cette découverte, bien que je n’eusse plus la force de me mouvoir. Toutefois, ayant invoqué le nom d’Allah, je réussis à toucher les bords de cette citerne dont l’approche était rendue difficile par des éboulements et des ruines. Puis, me servant de mon bonnet comme d’un seau, et de mon turban ajouté à ma ceinture comme d’une corde, je fis descendre le tout dans la citerne. Et mon cœur déjà se rafraîchissait, rien qu’en entendant le bruit de l’eau contre mon bonnet. Mais, hélas ! quand je voulus tirer la corde improvisée, rien ne vint à moi. Car mon bonnet était devenu aussi pesant que s’il eût contenu toutes les calamités. Et je pris des peines infinies pour essayer de le mouvoir, sans y réussir. Et, à la limite du désespoir, et ne pouvant supporter la soif qui me desséchait, je m’écriai : « Il n’y a de recours et de force qu’en Allah ! Ô êtres qui avez établi votre résidence dans cette citerne, que vous soyez des genn ou des êtres humains, ayez compassion d’un pauvre d’Allah, que la soif fait agoniser, et laissez monter mon seau. Ô habitants illustres de ce puits, mon haleine est suspendue, et mon souffle est arrêté dans ma bouche. »

« Et je me mis à crier de la sorte mon tourment et à gémir beaucoup, jusqu’à ce qu’enfin parvînt du